Plusieurs saintes prénommées Catherine, toutes mortes vierges et martyres, ont marqué l'histoire de la chrétienté. Parmi elles, Catherine d'Alexandrie, dont la fête est fixée au 25 novembre, fut choisie par le Christ pour devenir son épouse, selon la légende hagiographique la plus répandue.
Jeune fille de la noblesse, d'une beauté et d'une intelligence remarquables, Catherine, convertie au christianisme et instruite par les plus grands maîtres de la religion, osa critiquer l'empereur romain Maxence (306-312) qui organisait des sacrifices païens à l'occasion de grandes fêtes en l'honneur de leurs idoles. Impressionné par l'audace et la science de la jeune fille, Maxence l'obligea à soutenir ses croyances devant cinquante des plus grands savants du paganisme réunis pour la confondre. Catherine les convertit tous à sa foi et l'empereur, choqué, les fit exécuter sur le champ.
Malgré sa fureur, Maxence subjugué par les qualités de Catherine, crut vaincre sa foi par l'ambition en lui proposant de l'épouser. Son refus la fit condamner au supplice du fouet et de la dislocation des membres. Elle fut enfermée dans un cachot, d'où l'impératrice et ses geôliers épousèrent sa foi avant de subir le même sort que les savants doctes ; des colombes envoyées du ciel se chargèrent de la nourrir et de soigner son corps. Plus radieuse que jamais, elle refusa à nouveau la proposition de Maxence qui accusa son mépris et la fit soumettre au supplice de la roue. Armée de tranchants et de dents de fer, la roue vola en éclats et tua des centaines de païens. En désespoir de cause, on lui trancha la tête.
Avant de mourir, Catherine demanda à son divin époux que s'achève l'ère des persécutions, que ceux qui l'invoqueraient soient préservés de la maladie et que son corps fut respecté après sa mort. Des anges lui assurèrent la réalisation de ces voeux et lorsque sa tête fut tranchée, au lieu du sang, un lait pur et blanc coula de ses veines. Catherine mourut le 25 novembre 307.
Quelque temps après sa mort, son corps fut transporté par des anges et déposé sur le mont Sinaï. On prétend qu'il fut retrouvé intact au VIIIe siècle. Jusque là à peu près inconnue, la légende de sainte Catherine commença à circuler en Occident au XIe siècle et son culte prit de l'ampleur, en Occident comme en Orient au temps des Croisades. Au XIIIe siècle, elle était célèbre partout et sa popularité marqua son apogée avec la fin du Moyen Âge.
Sainte Catherine d'Alexandrie est couramment représentée la tête couronnée, affichant des vêtements royaux et tenant à la main le livre de la science infuse. La palme de son martyre, l'épée qui lui trancha la tête et la roue aux pointes de fer sur laquelle son corps devait être supplicié sont des constantes dans l'imagerie populaire religieuse. Les médailles et les images pieuses véhiculèrent assez fidèlement la légende médiévale de la savante vierge et martyre, patronne de multiples confréries.
Un peu d'histoire
Née en 1620, à Troyes (Champagne) et issue d'une famille de la bourgeoisie, Marguerite Bourgeoys débarque en 1653 sur le nouveau continent avec Maisonneuve, gouverneur de Ville-Marie. Avant sa venue en Nouvelle-France, elle avait adhéré à la congrégation de Notre-Dame mais en tant qu'externe et non à titre de cloîtrée. Elle y reçoit une formation religieuse et des leçons de pédagogie.
Marguerite Bourgeoys rêve d'une mission d'enseignement auprès des jeunes dans la nouvelle colonie mais à son arrivée, les enfants sont en nombre trop restreint, surtout à cause de la mortalité infantile. Pendant quelques années, elle joue donc le rôle de «grande soeur» des colons, se donnant à toutes les tâches pouvant les aider et les soulager. Les colons lui rendent bien son dévouement lorsqu'elle initia en 1657 une corvée pour construire la chapelle Notre-Dame du Bonsecours, première église de pierre érigée sur l'Ile de Montréal. Ce n'est qu'au bout de cinq ans, le 30 avril 1658, qu'elle put accueillir ses premiers élèves dans une étable convertie en école grâce au gouverneur Maisonneuve. Cette même année, elle retourne en France chercher de l'aide pour accomplir sa mission d'éducatrice. Quatre personnes se joignent à elle pour le retour ce qui lui permettra d'accueillir à son école les Filles du Roi, de les éduquer et de les préparer du mieux possible à leur futur rôle de mères de famille.
En 1676, avec le support de compagnes de plus en plus nombreuses, elle oeuvre le premier pensionnat pour les enfants des nobles et bourgeois qui jusque là recevaient leur éducation à Québec mais sa préférence va toujours à l'éducation des jeunes moins fortunées et des jeunes amérindiennes. La même année, elle crée une école ménagère, l'Ouvroir de la Providence à Pointe Saint-Charles, et fonde des écoles à Lachine, Pointe-aux-Trembles, Batiscan, Champlain pour les jeunes qui ne peuvent venir au pensionnat. Le rayonnement des soeurs de la congrégation atteint aussi la ville de Québec en 1689 où elles oeuvrent un certain temps à l'Hôpital général ; vouées davantage à l'éducation, elles mettent sur pied, en 1692, une école dans la Basse Ville pour les petites filles des pauvres.
En plus de s'intéresser aux plus démunis, Marguerite Bourgeoys défend le principe de l'école gratuite, encourage la compétence des enseignantes et se distingue par la prudence qu'elle affiche face à la correction physique chez les élèves. Pendant toutes ces années de travail acharné et d'épreuves de tous genres (en 1683 par exemple, la maison mère fut complètement détruite par le feu qui emporta aussi les deux candidates à la succession), elle travaille à la reconnaissance de la Congrégation Notre-Dame à titre de communauté religieuse et obtint finalement son statut officiel en 1698, deux ans avant son décès survenu le 12 janvier 1700. Quarante filles bien formées poursuivront son oeuvre. Marguerite Bourgeoys, devenue Soeur du Saint Sacrement, fut béatifiée le 12 novembre 1950.