En France, le mot catherinette désigne officiellement depuis la fin du XIXe siècle les jeunes filles qui oeuvrent dans le domaine de la couture et de la mode. Tout au long de ce siècle, un très grand nombre d'entre elles, issues de familles pauvres, travaillaient à la ville comme ouvrières et disposaient de peu de temps pour rencontrer les garçons. À chaque année, le 25 novembre représentait pour les catherinettes une grande journée de réjouissances.
Adieu la coiffe de Sainte-Catherine! Pendant toute l'année, à partir de retailles de tissu et de matériaux de toutes sortes, les catherinettes confectionnaient le chapeau, aux couleurs verte et jaune pour l'espérance et la fertilité, qu'elles exhiberaient à l'occasion de la fête de leur patronne. Attifées des créations les plus imaginatives : «un délicat échafaudage de satin et de tulle, une chaumière et un coeur, une demoiselle sur une balançoire, deux oiseaux en cage, de petits amours ailés ou encore un couple de mariés, deux amoureux à la fenêtre et mille autres sujets tout aussi charmants» (Bel'Pratel, 1980: 3), les catherinettes prenaient d'assaut les rues de leur quartier en chantant, en dansant et en cueillant au passage les baisers des jeunes gens qui ne pouvaient refuser une invitation en ce jour particulier, tout comme le voulait la coutume du 29 février à tous les quatre ans. Si la catherinette prenait bien soin de mettre un cheveu dans l'ourlet d'une robe de mariée en la confectionnant, elle trouverait vite un mari.
Au fil du temps, le 25 novembre est devenu en France un grand jour de fête et de congé dans la haute couture. Chaque maison célèbre à sa manière : lors de spectacles, de bals costumés, de concours de chapeaux, etc., les ateliers exhibent leurs catherinettes. Dans les grandes maisons, la catherinette de l'année sera comblée de cadeaux et jouira du privilège de coiffer le chapeau spécialement fait pour elle par le couturier de renom.
Sainte Catherine a probablement été choisie comme patronne des jeunes filles à marier à cause de sa virginité et de son mariage mystique avec le Christ. Par son intelligence, sa science, le courage de sa foi et ses capacités d'argumentation et de conviction, elle est devenue patronne des théologiens, des philosophes, des penseurs, des avocats. Au XIIIe siècle, les philosophes et théologiens la vénéraient comme patronne. Le sceau de l'université de Paris (Val-des-Écoliers) dont la première pierre fut posée par le roi saint Louis en 1229 la présente tenant en mains une palme et un livre, couronne en tête et soutenant son argumentation. D'autre part, le supplice de la roue préparée pour le martyre de Catherine d'Alexandrie, la fit choisir comme patronne de tous les corps de métiers utilisant une roue. Elle est ainsi patronne des rémouleurs, des charrons, des potiers, des meuniers. Dans plusieurs pays, le 25 novembre, en souvenir du martyre de la vierge, tous les mécanismes à engrenage cessaient de fonctionner. L'utilisation d'autres objets de ses supplices comme les instruments tranchants lui donnèrent le titre de patronne des chirurgiens et des barbiers. On la dit encore: patronne des écoliers et des étudiants, patronne des couturières, patronne des fileuses, patronne des jeunes gens à marier et patronne des menuisiers.