Les premières expériences européennes sur le territoire autrefois appelé Nouvelle-France sont durement marquées par la neige et le froid. L'organisation du quotidien en fonction du cycle de l'hiver n'a pas été chose facile pour les colons français. En fait, les nouveaux arrivants qui ont traversé l'Atlantique dans l'espoir d'une vie meilleure aux XVIIe et XVIIIe siècles ne s'attendent pas à une saison aussi extrême et sont plus d'une fois surpris par la courte durée de l'automne. Pris de cours, certains colons subissent les conséquences cruelles d'une mauvaise préparation à l'hiver. Plusieurs comme Samuel de Champlain souffrent de leur imprévoyance parce qu'ils n'ont pas coupé suffisamment de bois pour se chauffer et cuire les aliments jusqu'au printemps. D'autres construisent leur maison selon les techniques européennes, utilisant la pierre qui garde l'humidité et le froid plutôt que le bois plus sec et isolant. L'accumulation de réserves alimentaires est aussi importante à une époque où les méthodes de conservation des aliments sont très limitées. Bon nombre de colons ont d'ailleurs des carences vitaminiques si importantes pendant l'hiver qu'ils meurent du scorbut.
Bien souvent malgré eux, les habitants de la Nouvelle-France n'ont d'autre choix que d'emprunter certaines pratiques vestimentaires aux autochtones et de renoncer à la laine et aux textiles de France. Pour se protéger du froid, ils portent des moufles, se couvrent d'un casque de fourrure et chaussent des «souliers sauvages» en cuir de chevreuil pour enfiler ensuite des raquettes. Les premiers Canadiens adaptent graduellement leur façon de fabriquer les vêtements, mais ils hésitent parfois à porter les fourrures qui pourraient les identifier aux coureurs des bois ou aux voyageurs dont le mode de vie nomade déplaît fortement au clergé. L'attachement à la mode française et les critères d'identification et d'appartenance liés à l'habillement retardent en partie l'adoption de certains éléments du costume amérindien. Peu de cuirs et de fourrures se trouvent dans les inventaires de biens après décès des habitants de la Nouvelle-France, signe que les Français ont limité ou évité les emprunts vestimentaires. Ceux-ci se justifient souvent par le manque de tissus importés d'Europe ou par l'absence de production lainière. Né de l'hiver et fondé sur le climat hostile du Canada, le port des fourrures devient tout de même indispensable et le commerce des pelleteries connaît un essor formidable. Ce n'est pourtant que vers les années 1850 qu'apparaissent les manteaux de fourrure tels qu'on les connaît aujourd'hui. Puis «l'adaptation du costume aux rigueurs du climat, selon une mode dite canadienne, ne se réalise vraiment qu'après la Conquête, alors que le vêtement est coupé régulièrement à même l'étoffe du pays», cette lourde laine de mouton tissée à la main. (Lamontagne, 1983 : 63)
Non seulement ils sont morts de faim ou de froid, mais certains colons français seraient aussi décédés des suites de maladies pulmonaires reliées au chauffage. Quelques siècles se sont écoulés depuis et les systèmes de chauffage se sont développés à un point tel qu'il est possible aujourd'hui d'être parfaitement confortable à l'intérieur, et ce, lorsqu'il fait 30 degrés sous zéro dehors. Du feu de foyer au chauffage à l'électricité en passant par le poêle à bois, les Québécois en ont fait du chemin pour se tenir au chaud l'hiver durant. Il est difficile d'imaginer une chambre si froide la nuit que des glaçons se forment sur les couvertures. Pourtant, c'est ce qu'ont vécu bien des pionniers du Nouveau Monde comme le relate dans ses écrits le père Paul Lejeune, jésuite à Québec au début du XVIIe siècle. Encore aujourd'hui, on peut entendre le témoignage de personnes ayant vécu l'hiver sans électricité et qui se rappellent du pain souvent gelé le matin, tout comme l'eau oubliée dans la bouilloire la veille. Longtemps présent dans les maisons québécoises, le froid est maintenant contrôlé par une simple manipulation du thermostat.