Pourquoi donc ajouter le bissexte à la fin de février? Dans la Rome antique, le calendrier faisait commencer l'année par le mois de mars, dédié au Dieu préféré des Romains. C'est sous le règne de l'empereur Jules César, à l'origine du calendrier julien, que le jour bissexte fut créé et ajouté au dernier mois de l'année, en l'occurrence februarius ou février. Inséré au calendrier vers l'an 45 avant Jésus-Christ, cet ajout mit du temps à être compris de sorte que des erreurs de comptabilité se glissèrent jusqu'au XVIe siècle avant d'être redressées définitivement en 1582 par le Pape Grégoire XIII, instigateur du calendrier grégorien.
Un peu d'histoire
Inspirés par cette date singulière, des artistes en firent le sujet d'une œuvre. Fils de George Sand, Maurice Dudevant exposa en 1857 un tableau intitulé Le Grand Bissexte, représentant un géant aux yeux cruels, assis sur le bord d'un étang et devant qui s'enfuyaient tous les pêcheurs terrorisés. Au Québec, le poète Gilles Vigneault composa La chanson du 29 février, un hommage à l'hiver comme à la mer.
Un autre fait peu connu qui se rattache à l'année bissextile concerne l'origine du Joker des cartes à jouer. «Les historiens nous disent que les cartes à jouer, telles que nous les connaissons aujourd'hui, sont fort probablement un développement des petits calendriers d'une semaine dont se servaient les Égyptiens et qui furent originalement combinés en un paquet de 52 cartes afin de compléter le calendrier d'une année. La 53e carte, qui est aujourd'hui le "joker", était appelée à combler le nombre impair de la 365e journée et aussi à représenter le 366e jour de l'année bissextile.» (Le Fournisseur, 1964 : 62.) Utilisée pour se sortir de situations embarrassantes au jeu, le détenteur de cette carte peut lui attribuer la valeur qu'il souhaite. Par analogie, le joker permet de rétablir le jeu de cartes comme le jour bissexte a corrigé le calendrier au fil des siècles en fonction de l'axe solaire.