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De coutume en culture

L'installation extérieure est rudimentaire et nécessite peu d'équipement. Elle consiste à aménager un feu au-dessus duquel on fait bouillir un grand bac d'eau. Une échelle est appuyée en angle contre le mur de la grange ou du fournil. Enfin, un banc, des contenants propres, des cordes, des couteaux et une hache complètent l'équipement requis.

En premier lieu, il s'agit d'encercler la bête, du moins dans le cas du porc, et de la traîner par les oreilles à l'extérieur de la grange. Ainsi traqué, l'animal est couché du côté droit sur une boîte de bois ou un banc, laissant le côté du cœur libre, de façon à avoir la tête pendante pour faciliter la saignée. Pour saigner une bête, on demande au boucher du village ou à quelqu'un qui connaît bien ce travail. Le saigneur est souvent une personne qui a la tâche de se promener d'un lieu de boucherie à un autre pour exercer son savoir-faire. Il s'agit d'enfoncer le couteau au niveau du cou et de percer la veine jugulaire sans toutefois transpercer le cœur. Pour que le sang gicle, le saigneur retire vivement le couteau. On peut alors recueillir le sang frais dans une chaudière. Pendant la saignée, le sang est constamment brassé car il ne doit pas coaguler. Cette opération impressionnante est accompagnée d'une longue plainte stridente de l'animal qu'on égorge. Le sang est porté tout de suite à la maison où les femmes le mettent à bouillir pour en faire du boudin.

Le cochon est ensuite échaudé, c'est-à-dire ébouillanté, afin de brûler les soies mais aussi pour raffermir la chair. Il faut gratter la peau pour enlever les poils. Après, on le suspend la tête en bas à l'échelle adossée à la grange. Là, il est ouvert de la queue à la tête et éviscéré. Les intestins sont portés à la maison où ils seront dégraissés, nettoyés et lavés à grande eau. Les femmes les utilisent pour la préparation du boudin : on insère le sang bouilli dans les tripes. Une fois vidé, le cochon est suspendu dans un endroit fermé, au fournil ou à la grange, pour une période de 24 heures. Il faut faire reposer la viande avant le dépeçage.

La viande dépecée en morceaux est soit enveloppée dans du papier ou remisée dans des barils. La viande doit être protégée de l'air ambiant pour ne pas qu'elle sèche au froid. Les morceaux enveloppés sont isolés dans la paille ou dans des sacs de sucre. La viande est ainsi emmagasinée dans la cuisine d'été, pièce attenante à la maison mais non isolée, où elle est congelée par le froid pendant tout l'hiver. Ces provisions doivent être mangées avant le dégel. Elles entrent dans la composition des mets cuisinés pour la période des fêtes.

Normalement, la boucherie de décembre procurait la provision de viande nécessaire pour l'hiver entier. S'il y a un surplus, on le donne aux membres de la famille dans le besoin et on réserve aux voisins proches un morceau de choix pour les remercier de leur aide. Certains cultivateurs vendent l'excédant de viande à un boucher ambulant qui fait sa tournée ou encore ils se rendent au marché des villes. La corvée de boucherie s'accompagne d'un repas offert à tous ceux qui y ont participé. Souvent le menu est constitué des abats frais comme le foie. Les hommes se réchauffent le gosier avec de la boisson qui les tient au chaud à l'extérieur pendant qu'il se dispute des paris sur la grosseur des cochons à abattre.

Dans le cas de l'abattage du bœuf, il est assommé avant d'être saigné mais le sang n'est pas recueilli. Le bœuf est scié en deux dans le sens de la longueur puis nettoyé. Comme pour le porc, il est débité en morceaux après avoir passé toute une nuit pendu aux poutres de la grange. On récupère le suif de bœuf pour fabriquer des chandelles ainsi que l'huile des sabots une fois bouillis pour graisser les attelages de cuir.

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