«Faire boucherie» est une coutume qui rappelle l'importance de l'hiver et des provisions qu'on devait emmagasiner pour survivre. Un deuxième côté pratique de la boucherie visait la réduction du cheptel à nourrir pendant l'hiver surtout si les récoltes avaient été moins bonnes. D'autre part, on engraissait certains animaux pendant tout l'été uniquement pour ce qu'ils fourniraient en viande. De tous les animaux de la ferme qu'on abattait, ce sont les porcs qui avaient la préférence. Au goût des gens, la viande de porc était meilleure que le veau ou le b?uf et composait principalement les mets traditionnels.
Aujourd'hui, la corvée de boucherie n'est guère courante, sauf pour les poulets, puisque même les cultivateurs ont recours aux bouchers de métier pour l'abattage et le dépeçage des animaux.
Malgré que l'on peut tuer des animaux à n'importe quel temps de l'année, la boucherie se fait généralement en début de décembre et cette corvée peut durer trois jours. Le croissant de la lune de décembre indique que la température va refroidir. Le temps de boucherie est directement relié à l'arrivée du froid, condition indispensable à la conservation de la viande. Il faut se rappeler que les glacières et les réfrigérateurs ne sont guère courants avant le XXe siècle. La coutume se fait généralement entre voisins : ceux-ci sont avisés deux ou trois jours seulement à l'avance et on fait boucherie à tour de rôle. Une équipe constituée d'hommes s'occupe de l'abattage à l'extérieur tandis que l'équipe des femmes prépare, à la maison, la viande et les abats dépecés pour leur conservation. La corvée de boucherie se fait en trois temps : abattage de l'animal, dépeçage et préparation pour la conservation.