En plus de s'être dotée d'emblèmes et de bannières comme signes distinctifs, la Société Saint-Jean-Baptiste de Québec, qui défend les intérêts des Canadiens français, adopte À la claire fontaine comme chant national en août 1842. Le choix de cette vieille chanson de tradition orale est sans doute relié à son origine qui remonte à la France médiévale. En effet, sa formule populaire de versification, appelée «laisse», est caractéristique de cette époque. Dans son catalogue sur la chanson folklorique, Conrad Laforte en recense plus de 360 versions. D'après les écrivains du XIXe siècle, À la claire fontaine est une chanson qui fait partie du répertoire habituel des voyageurs Canadiens dont les airs s'adaptent bien au mouvement cadencé des avirons sur les cours d'eau.
Cette romance exprime les regrets d'un amant qui perd sa maîtresse pour avoir refusé de lui donner un bouquet de roses. Un des refrains les plus connus, Il y a longtemps que je t'aime, jamais je ne t'oublierai, a sans doute inspiré la Société Saint-Jean-Baptiste pour son choix d'hymne national au milieu du XIXe siècle.
À la claire fontaine
Texte critique élaboré à partir des versions transcrites aux Archives de folklore de l'Université Laval.
À la claire fontaine, m'en allant promener
J'ai trouvé l'eau si belle que je m'y suis baigné
Refrain :
Il y a longtemps que je t'aime
Jamais je ne t'oublierai
C'est au pied d'un gros chêne que je m'suis reposé
Sur la plus haute branche, le rossignol chantait
Chante, rossignol, chante, toi qui a le cœur gai
Tu as le cœur à rire, moi je l'ai à pleurer
J'ai perdu ma maîtresse sans l'avoir mérité
Pour un bouquet de roses que j'lui ai refusé
Je voudrais que les roses fussent encore au rosier
Et que le rosier même à la mer fut jeté
Et moi et ma maîtresse dans les mêmes amitiés