Chaque année, des milliers de Québécois et de Québécoises sont atteints de la fièvre du déménagement le jour du 1er juillet. Dès la fin de juin, des cortèges de camions envahissent les rues et d'étranges remorques étalent au grand jour mobilier, appareils électroménagers et équipements hétéroclites. Ici et là des corvées de déménagement s'organisent. Il règne une grande effervescence pendant cette période. Pourquoi cette bougeotte le 1er juillet? Le fait de déménager massivement à une date précise est-il spécifique au Québec? Une chose est sûre : tout déménagement entraîne aussi un emménagement. L'un comme l'autre sont marqués par des rituels.
Déménager recouvre deux sens : d'abord l'événement lui-même ou encore, l'action de changer de lieu. En somme, parler d'un déménagement signifie à la fois parler du jour où l'on transportera les objets d'un lieu à un autre et aussi du fait de quitter un espace familier pour un espace étranger. Déménager implique donc l'idée d'un départ, d'une séparation voire d'un déchirement mais aussi celle d'un renouveau, d'un recommencement.
Le déménagement a comme caractéristique d'être un événement personnalisé, vécu de manière différente d'un individu à l'autre. Tout déménagement est porteur de désordre et entraîne des incidents. Il est rupture de la quotidienneté, mais apprivoisement d'un nouvel espace et reconstruction du quotidien. Le déménagement peut être un moment plus ou moins heureux ou dramatique dans la vie des individus ; il éprouve la souplesse au changement et fait ressortir l'attachement à un espace tout comme les modes d'habiter cet espace. Il met en lumière non seulement les relations à l'espace que les individus partagent mais aussi le «savoir-habiter» ou le «savoir-faire» domestique propre à chacun. Le savoir-habiter trouve son expression autant dans l'action de déménager que dans celle d'emménager et exprime des modèles et des valeurs selon les cultures, selon les rôles ou selon les repères de l'univers domestique.