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De coutume en culture

Le calendrier n'est pas qu'une succession de dates alignées sur douze mois. Chaque mois est ponctué par une série d'événements et de fêtes spéciales. L'ensemble constitue le canevas propre à une culture. Dans les calendriers traditionnels, la vie est rythmée en deux grands moments : le temps du travail associé aux gestes quotidiens et le temps de la fête lié aux réjouissances d'un temps considéré fort et exceptionnel. L'organisation du temps autrefois ne ménageait pas de périodes de congé, de vacances ou de loisirs. Les divertissements suivaient une période intense de travail, comme dans le cas des corvées, ou étaient intégrés au quotidien lorsque le travail n'était pas trop exigeant, pendant l'hiver par exemple.

D'autres types de calendriers ont prévalu à diverses époques comme les calendriers religieux où chaque jour de l'année soulignait la fête d'un saint. Dans nos agendas d'aujourd'hui, l'année civile est marquée d'un certain nombre de fêtes fixes comme les fêtes patronales, politiques ou religieuses. En plus des fêtes habituelles comme Noël, Pâques ou la Saint-Jean-Baptiste, de nouvelles fêtes s'ajoutent au calendrier depuis quelques années. De nos jours, les calendriers intègrent des journées spéciales, des événements ponctuels ou même un anniversaire d'une autre culture comme le Thanksgiving Day ou la Pâques juive. Depuis 1959, l'ONU (Association canadienne pour les Nations Unies) désigne des journées, des semaines, des décennies et des années internationales sur des grandes questions d'ordre social et humanitaires afin de sensibiliser la collectivité mondiale. Par exemple, l'année 1979 fut déclarée l'Année internationale de l'enfant, 1986, celle de la paix et 1999, celle des personnes âgées. C'est aussi l'ONU qui a déclaré le 8 mars journée internationale de la femme, le 31 mai comme la journée sans tabac et le 1er décembre comme la journée mondiale du SIDA.

Le calendrier est maintenant quadrillé de nombreux événements où tout un chacun peut célébrer selon ses convictions tandis que certaines fêtes collectives demeurent des temps forts célébrées par le plus grand nombre. En plus de toutes ces fêtes officielles, chacun possède un calendrier personnel où les dates soulignent des anniversaires de naissance, de mariage, de décès ou d'autres moments intimes. Autant d'occasions de célébrer à chaque jour de l'année.

Parler du temps

Nombreuses sont les expressions populaires reliées au calendrier ou plus généralement à la mesure du temps. Il suffit de prêter l'oreille ici et là pour saisir des expressions comme «donner l'heure juste» ou «remettre les pendules à l'heure» employées familièrement au sens figuré. En voici quelques-unes qui méritent une explication plus approfondie sur leur origine et leur signification.

S'en moquer comme de l'an quarante

Expression qui signifie s'en moquer complètement. Des hypothèses soutiennent que les premières attestations écrites de l'expression sont apparues à la Révolution française, prétextant que l'an quarante serait celui de la pérennité de la République qui tardait à venir. Pour d'autres, il s'agirait de l'an quarante du règne du roi de France Louis XVI. Cependant, au plan symbolique, le chiffre quarante est celui de l'attente, de l'épreuve ou du châtiment, fort bien représenté dans la religion. Le déluge dura 40 jours, Jésus est conduit au Temple quarante jours après sa naissance, le carême dure quarante jours, Jésus ressuscite après 40 heures de séjour au sépulcre, il apparaît ressuscité à ses disciples quarante jours avant son Ascension. L'origine la plus plausible de l'expression est que l'an quarante serait une déformation du mot arabe al coran, c'est-à-dire le Coran, livre sacré des musulmans. Les croisés auraient pu se moquer des versets de ce livre qu'ils considéraient impie.

Remettre ou renvoyer quelque chose aux calendes grecques

Remettre à un temps qui ne viendra jamais parce que les Grecs n'avaient pas de calendes. Les calendes correspondent au premier jour de chaque mois chez les Romains. Cette vieille plaisanterie avait du succès chez les Romains car l'échéance des dettes se trouvaient justement le premier jour du mois.

Dans la semaine des quatre jeudis

Jamais. Autrefois, le vendredi était un jour maigre, c'est-à-dire une journée où il ne fallait pas manger gras ou faire pénitence et jeûne. Dans ce sens, le jeudi précédant le jeûne du vendredi était considéré comme un jour de réjouissances. Le jeudi était le jour le plus gras de la semaine. Ainsi, si cela avait pu exister, une semaine doté de deux jeudis eut été agréable. Au XVe siècle, l'expression était dans la semaine des deux jeudis, puis, par la surenchère du temps, on en est venu à parler au XIXe siècle de la semaine des quatre jeudis. Aux XIXe et XXe siècles, certaines écoles donnent congé à leurs élèves le jeudi, journée qu'ils reprennent le samedi matin. L'espoir d'avoir 4 jours de congés dans une même semaine a sans doute contribué à maintenir la popularité de l'expression.

À la saint-glinglin

Être payé à la saint-glinglin, c'est-à-dire jamais. Saint Glinglin est un saint imaginaire, une invention de toutes pièces et une fantaisie de la langue. Autrefois, l'ensemble du calendrier était quadrillé par des noms de saints. Chaque profession et métier avait également son saint patron. Aussi, il était d'usage de se donner rendez-vous par exemple à la Saint-Jean plutôt qu'à la date du 24 juin ou encore de payer ses dettes le jour de la fête de tel ou tel saint. Dire à quelqu'un qu'on le payerait à la Saint-Glinglin, c'était lui annoncer par une boutade qu'on n'avait pas l'intention de le payer. À chaque jour, les cloches carillonnaient pour souligner la fête d'un saint. L'homonymie entre saint et seing, un vieux mot dérivé du latin signum qui signifie signe, signal, son de cloche (comme dans tocsin) renforce la popularité de l'expression qui prend aussi appui sur l'onomatopée gling-gling qui imite le son de la cloche. Pour ce saint fictif, les cloches ne sonneraient pas avant longtemps.

Tomber comme mars en carême

Expression ambivalente utilisée presque à tort pour dire arriver mal à propos. Cela devrait être le contraire si l'on en juge par le calendrier. La période de quarante jours du carême est déterminée par la fête mobile de Pâques. Sur ces quarante jours, 46 au total en comptant les dimanches, il y a forcément quelques jours de carême qui se produisent au mois de mars. C'est pourquoi la tournure «tomber comme mars en carême» devrait plutôt logiquement avoir le sens de «arriver inévitablement» ou «arriver de façon propice».

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