RDAQ, Le Réseau de diffusion des archives du Québec.
 

Clin d’œil sur nos traditions

La communion solennelle

La première communion ou petite communion est une cérémonie d'initiation au cours de laquelle l'enfant renouvelle lui-même l'engagement et les promesses faites à son baptême par son parrain et sa marraine. Selon les époques, cette cérémonie fut aussi désignée par le nom de communion solennelle, puis profession de foi. Elle nécessite une préparation au cours de laquelle l'enfant reçoit un enseignement religieux appris au moyen d'un manuel qu'on appelle le Petit Catéchisme. Pour ces rites de passage, tout un rituel est mis en place dont une grande partie est prise en charge par l'école. Au Québec jusqu'en 1915 environ, une seule cérémonie de communion a lieu vers l'âge de 10 ans. À la suite d'une recommandation du pape Pie X en 1910 incitant les fidèles à la communion fréquente, on permet aux enfants de communier dès l'âge de raison, c'est-à-dire dès leur entrée à l'école à 6 ans. La communion solennelle, aujourd'hui appelée profession de foi, est alors reportée vers l'âge de 12 ou 13 ans et prend une plus grande importance que la communion précoce ou petite communion. L'apprentissage du catéchisme se fait à l'école dès les premières années et cette préparation est confiée à l'institutrice. Le curé intervient de temps à autre pour vérifier les connaissances religieuses des enfants. C'est lui qui impose l'examen final qui les mènera à un certificat d'instruction religieuse.

Quelques temps avant la cérémonie de la communion solennelle, la préparation s'intensifie. Cette période était appelée la marche au catéchisme. L'expression qui a gardé son sens jusqu'aux années 1950 signifie littéralement que les enfants doivent marcher trois à quatre milles, beau temps, mauvais temps pour se rendre à l'église. Cette ultime période préparatoire se fait généralement au mois de mai et peut durer de quelques jours à quatre semaines selon les époques. Les enfants qui habitent les rangs éloignés de la paroisse viennent à pied et passent la journée au village. Ceux qui ont de la parenté au village se font parfois héberger durant toute cette période de marge. Pas d'école durant cette période pour les enfants en âge de marcher au catéchisme mais ce perfectionnement n'est pas de tout repos : il a lieu toute la matinée et l'après-midi. C'est généralement le curé qui donne les instructions et qui décide si les enfants, après la marche, sont aptes à faire leur communion solennelle. Comme il faut apprendre par c?ur quelques 100 réponses aux questions du Petit catéchisme, cette préparation est très exigeante d'autant plus que le curé peut recaler un enfant ou pire, le renvoyer. L'examen se fait seul ou en groupe devant le curé qui donne une note. Les trois derniers jours de la marche sont une sorte de retraite réservée à la prière en silence et au jeûne. Cette période de purification doit préparer le communiant à la première confession préalable à l'agrégation finale qui le fait entrer définitivement dans la grande «famille des enfants de Dieu».

La cérémonie de la communion solennelle a lieu le plus souvent au début du mois de juin. Elle consiste en une messe solennelle suivie de la remise des diplômes. À cette occasion, un costume est de mise. Les filles revêtent une robe blanche courte ou longue selon les époques, des gants et un voile. Ce costume leur donne des allures de petites mariées. Quant aux garçons, ils sont vêtus d'un habit noir ou marine et d'une culotte courte jusqu'aux années 1940. Ils portent un brassard blanc au bras gauche et souvent un ruban blanc sur la poitrine. Missel, chapelet et cierge complètent le costume de circonstance. Au début de la cérémonie, garçons et filles défilent dans l'église en une longue procession qui part de l'arrière et remonte la nef jusqu'aux premiers rangs. Plusieurs paroissiens assistent à cette messe et spécialement les familles où il y a des communiants et des communiantes. Après la communion qui est d'abord distribuée aux enfants, ceux-ci proclament à tour de rôle leur engagement personnel et tous entonnent le chant :

J'engageai ma promesse au baptême
Mais pour moi d'autres firent serment
En ce jour je promets par moi-même
Je m'engage aujourd'hui librement.
Ref.: Je m'engage (bis)
Je m'engage aujourd'hui librement (bis)

La remise des diplômes termine la cérémonie ou suit dans l'après-midi. Le retour à la maison est souvent l'occasion d'une fête familiale ou de visites de famille. Parrain, marraine, grands-parents, frères et s?urs sont invités à souligner ce passage important dans la vie des jeunes. Jusque dans les années 1950 au Québec, la communion solennelle est un événement presque aussi important que le mariage. D'ailleurs, le certificat d'instruction religieuse est indispensable pour se marier. La coutume de donner des cadeaux aux communiants n'est cependant pas généralisée. Outre leur costume et accessoires, les enfants reçoivent des souvenirs - médaille, crucifix, chapelet, argent - mais ce sont surtout les images pieuses qui sont offertes par les parents, le curé et les institutrices. Très appréciées, ces images religieuses aux formats diversifiés, portent souvent l'inscription «Souvenir de communion» au recto tandis qu'au verso, l'enfant y inscrit à la main son nom et la date de l'événement. Au fil des ans, les cadeaux deviennent plus profanes et ceux qui font leur profession de foi reçoivent par exemple des montres et des bijoux. En définitive, la communion solennelle est un rite de passage aux dimensions intimes puisqu'il s'agit d'un engagement personnel.

Faire ses débuts

Spécifique à certains milieux et surtout aux familles bourgeoises, la coutume de «faire ses débuts» signifiait pour une jeune fille faire son entrée dans le monde. Cette coutume exclusive aux filles avait cours dans la bourgeoisie montréalaise et québécoise, tant dans les milieux francophones qu'anglophones, au XIXe siècle, puis dans les années 1920 et les années 1930. Dès qu'elle atteignait 18 ans, il convenait que la jeune fille commence sa vie d'adulte en assistant aux soirées mondaines et aux événements publics. Ce passage ne pouvait se faire sans qu'elle soit reconnue officiellement comme «débutante» et initiée aux règles et convenances rigoureuses de la vie publique et mondaine. Cette coutume consistait à présenter la jeune fille à la société dans le but de lui offrir un milieu où elle pourrait s'illustrer, se faire connaître et s'afficher, de lui créer un réseau de relations sociales qui lui fourniraient autant d'occasions pour rencontrer un futur époux.

Les parents de la jeune bourgeoise en âge de faire ses débuts organisaient une réception d'envergure pour souligner cet événement, annoncé d'ailleurs dans la chronique des carnets mondains des journaux de l'époque. Selon les moyens financiers, la réception pouvait prendre diverses formes, comme un thé dansant, mais l'une des plus populaires était le bal des débutantes. À l'occasion de l'ouverture de la saison des mondanités à Montréal, qui se déroulait d'octobre à avril, le bal de l'Armistice, fixé le plus près du 11 novembre, inaugurait ainsi la saison des débuts. Plusieurs préparatifs étaient mis en branle pour l'organisation du bal des débutantes. On accordait entre autres une grande importance à la tenue du premier bal de la jeune fille ainsi qu'à la garde-robe dont elle aurait besoin pour assister aux réceptions subséquentes auxquelles elle serait conviée durant la saison mondaine.

La réception offerte par les parents pour marquer les débuts de leur fille avait lieu à la maison ou dans un hôtel. Sur invitation, on y conviait d'autres jeunes filles, notamment des débutantes qui devaient se faire accompagner par un garçon du même milieu. Un repas léger ou un souper était servi et la soirée se passait à danser et à s'amuser sous le regard attentif des parents hôtes. Ces rencontres aux résidences familiales réunissaient seulement quelques personnes contrairement aux grands bals publics qui invitaient 100 à 200 débutantes accompagnées. Les débutantes de l'année étaient les plus sollicitées et pouvaient assister à des dizaines de réceptions pendant leur première saison. De plus, il était d'usage qu'elles se fassent accompagner par des jeunes hommes différents d'une réception à l'autre, dans le but avoué de rencontrer le plus grand nombre de candidats possibles. Le cycle des débuts complété, la jeune bourgeoise avait acquis une certaine reconnaissance sociale, un réseau de relations potentielles mais surtout, un nouveau statut, par son agrégation au monde adulte.

© Le Réseau de diffusion des archives du Québec
Politique de confidentialité