Les croix de chemin, dont on voit encore aujourd'hui des exemplaires, étaient nombreuses en Nouvelle-France; vers 1750, elles s'échelonnaient tout le long du Saint-Laurent entre Québec et Montréal.
Les croix de chemin sont l'expression d'une dévotion populaire. Le voyageur s'y arrêtait le temps d'un signe de la croix et les fidèles, trop éloignés de l'église, s'y rassemblaient pour prier. On s'y rendait en procession et des neuvaines étaient organisées lors d'épidémies ou d'autres calamités.
Construites en bois, elles sont ornées des différents instruments de la Passion tels la couronne d'épines, le fouet, les clous, l'éponge et la bouteille de fiel, la lance, l'échelle, le coq et l'inscription INRI; parfois même on y ajoute le soleil et la lune sous forme de disque rayonnant et de croissant. Un des témoignages de l'époque nous vient de Pehr Kalm, voyageur suédois, qui, en 1749, a reproduit dans ses mémoires une croix située à la Prairie-de-la-Magdelaine. Nous retrouvons dans son croquis presque toutes les composantes connues. Kalm ajoute que la croix de chemin est fréquente au Canada et sert à favoriser la piété du voyageur.
La popularité des croix de chemin s'est maintenue depuis la Nouvelle-France jusqu'au XXe siècle. Elles ont permis à nos artisans d'exprimer à travers leur art les croyances religieuses d'un peuple.
(Ce texte est une collaboration de l'archiviste Renée Lachance des Archives nationales du Québec à Québec.)