La levée du bâtiment se fait en une journée. La corvée débute tôt le matin et se termine en fin de journée avec un repas copieux et une veillée de musique. La construction se fait par étapes sous les directives d'un menuisier désigné comme le chef des travaux. Celui-ci assigne les tâches en fonction de l'habilité des charpentiers de service. On commence par disposer les soles à plat, des pièces de bois qui servent d'appui à la charpente. Ensuite, on place les lambourdes le long des murs qui serviront à soutenir les extrémités des solives d'un plancher. Le châssis prend forme lentement puis c'est le temps de monter les murs avec des planches ou des madriers pendant que d'autres ouvriers s'affairent au comble à fermer la toiture. La levée du bâtiment est maintenant terminée et il ne reste plus au propriétaire qu'à faire la finition par temps perdu durant l'été. N'eut été de la corvée, il n'aurait pas suffisamment de temps en un été pour accomplir cette tâche.
La pose du bouquet
Pour signifier que la corvée de construction est terminée, on érige au sommet de l'édifice un bouquet formé de la tête d'un sapin et enjolivé de rubans de couleur ou de fleurs artificielles. Un garçon agile monte le fixer au faîte. Le meilleur tireur est alors invité à abattre le bouquet d'un coup de feu. La mise en place du bouquet est le signal que les divertissements peuvent commencer.
La pose du bouquet au sommet d'une grande construction est une coutume encore en vigueur de nos jours. Surveillez les constructions de bâtiment et vous apercevrez ici et là d'étranges conifères qui poussent sur les toitures. Cette ancienne coutume constitue un rite d'inauguration et elle est en relation avec d'autres rituels comme la levée de la première pelletée de terre, la coupe d'un ruban, le lancer de la bouteille de champagne sur la coque d'un bateau pour sa mise à l'eau ou encore la pratique de conserver et d'encadrer le dollar du premier client servi dans un établissement commercial. Toutes ces pratiques symboliques soulignent et célèbrent le travail fait par l'homme, à plus forte raison s'il a été accompli par des bénévoles dans une atmosphère d'entraide.