La mauvaise réputation généralement faite au vendredi 13 vient de la crucifixion du Christ. D'après l'histoire religieuse, ce triste épisode de la vie de Jésus eut lieu un vendredi, le 13 du mois de nisan. Le vendredi de la crucifixion, appelé Vendredi saint, est perçu comme l'un des pires moments de l'histoire sainte quoique cette mort représente aussi le Salut de l'humanité pour les Chrétiens. La mort de Jésus rachetait ainsi tous les péchés du monde commis depuis le péché originel d'Adam et Ève. Or, par leur faute, Adam et Ève auraient aussi été chassés du Paradis terrestre un vendredi, au treizième jour de la création. Dans la tradition chrétienne, le Vendredi saint est une journée d'observance religieuse, de jeûne et de privation qui commémore les souffrances endurées par le Christ.
Quant au chiffre 13, il porte aussi son lot de malheur. Les Chinois et les Hindous attribuaient aux chiffres une sorte de pouvoir sur le bien et le mal ; ils croyaient même qu'ils avaient un sexe. Si les chiffres ont une réputation, bonne ou mauvaise, le 13 est celui qui a la plus forte connotation superstitieuse et qui plus est, le chiffre le plus négatif. En Europe comme en Amérique, le 13 est souvent banni des hôpitaux, des chambres d'hôtel, les grands édifices vont du 12e au 14e étage, les rues de certaines villes affichent des numéros civiques «douze bis» au lieu de 13 ou encore, les compagnies d'aviation n'offrent pas de vol ou de siège 13 et dans les sports en général, les joueurs évitent de porter le numéro 13. Pourtant, malgré tous les interdits populaires, certains téméraires ou incrédules ont défié la superstition comme les deux joueurs de hockey Valeri Kamensky des Rangers de New York et Mats Sundin des Maple Leaf de Toronto qui arborent le chandail numéro 13. On affirme que le 13 porte davantage malchance de ce côté-ci de l'Atlantique. Serait-ce pour défier le sort que les Américains ont intégré de façon symbolique le chiffre treize sur leur billet de un dollar ou simplement pour représenter les treize colonies d'origine des États-Unis? Le fait est que lors de la mission Apollo 13 en avril 1970, un grand mécontentement fut exprimé par les Américains : comme quoi il fallait être bien téméraire pour oser défier le sort à l'occasion d'une mission spatiale. Le chiffre 13 leur a-t-il porté chance ou malchance ? Y était-il pour quelque chose dans l'échec de cette mission qui a dû être annulée en catastrophe à cause d'une explosion à bord de la navette le soir du 13 avril ? La réponse à cette question comme à toutes les superstitions demeure ambiguë.
En tant que chiffre, le 13 symbolise le mystère, l'inconnu et il est associé à la trahison. Dans son rapport au chiffre 12 qui annonce la plénitude : 12 signes du zodiaque, 12 dieux de l'Olympe, 12 heures du jour et de la nuit, 12 mois dans l'année et auquel il ajoute une unité, le 13 est perçu comme rupture du cycle. Mais le sens négatif du 13 n'a pas toujours été : les Égyptiens le considéraient comme chanceux. Pour eux, ce chiffre marquait la transformation spirituelle et permanente. Ils qualifiaient de treizième le pas final de la vie. Ainsi, comme la pyramide de la science comptait 12 marches, franchir la 13e conduisait à la vie éternelle. C'est depuis l'Antiquité que le 13 est vraiment renommé de mauvais augure. Chez les Anciens, la treizième personne dans un groupe était identifiée comme la plus puissante, le chef. Les images du cortège des 12 dieux, au milieu desquels Zeus s'avance comme un treizième de par sa supériorité, le grand Ulysse, le treizième de son groupe et le seul qui échappe à l'appétit du Cyclope, ou encore Salomon parmi ses 12 préfets sont parmi les chefs le plus souvent évoqués. Lorsque le chef devient une victime, c'est là que le treizième devient une position néfaste. Ce fut le cas du Christ arrêté au milieu de ses douze disciples mais aussi de Philippe de Macédoine qui, par orgueil, avait ajouté sa propre statue à celle des 12 dieux majeurs lors d'une procession et qui mourut assassiné peu de temps après. Lors de grandes festivités religieuses à Babylone, il était coutume de réunir treize personnes, incarnant les dieux et traités avec les plus grands égards, dont l'une d'entre elles était mise à mort à la clôture de la fête.
Malgré tout, dans certaines occasions, le chiffre 13 est réputé chanceux, même très chanceux : aux jeux de cartes qui comportent d'ailleurs 13 piques, 13 carreaux, 13 coeurs et 13 trèfles, aux jeux de hasard et aux loteries, au billard où rentrer la boule 13 en premier porte chance, le chiffre prend une signification plus positive. La carte 13 au tarot figure la mort qui est représentée par un squelette armé d'une faux, et signifie un changement ou un renouvellement, mais pas forcément dans un mauvais sens. La douzaine de treize ou «treize à la douzaine» ou «la belle douzaine» qui signifie l'ajout d'une pièce à l'achat d'une douzaine et qui est pratiquée encore de nos jours par les marchands, donne une impression de richesse, d'abondance ou de surplus.