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Clin d’œil sur nos traditions

Poêle de tôle, de briques ou de fer

Apparu seulement dans la seconde moitié du XVIIe siècle, à Place-Royale, le poêle est devenu, faut-il s'en étonner, critère de confort et d'aisance pour ses propriétaires. Qu'ils soient de tôle ou «taulle», de briques ou de fer, comme ces poêles «à la Samaritaine», non pas celle de Paris mais celle du Nouveau Testament, les poêles déterminent, par leur présence, non seulement l'usage des pièces de la maison mais aussi, dans une certaine mesure, les modes de vie domestiques, autant de l'habitant et de l'artisan que du commerçant et du grand seigneur.

Chez l'habitant, comme ce Jacques Maheu qui possédait une simple maison de bois à un étage, tous s'agglutinent autour de l'âtre, seule source de chaleur, pour préparer la nourriture, manger et dormir, forcément dans la même pièce. Et l'hiver, que d'inconvénients! Voici ce qu'en pense Marie de l'Incarnation : «La demeure ordinaire est de nécessité auprès du feu, ce qui est une incommodité et assujettissement extrême, particulièrement à moy, qui ne me chauffois jamais en France. L'on  met 5 ou 6 buches à la fois, car on ne brusle que du gros bois, et avec cela, on se chauffe d'un costé et de l'autre, on meurt de froid. » (Lettre à son fils, 26 août 1644.)

L'artisan ou le commerçant plus aisé, généralement propriétaire d'une maison de pierre à deux étages, aménageait une cuisine autour d'un âtre ou d'un foyer, souvent doté d'un four à pain, et une salle commune, agrémentée d'un poêle, où l'on mangeait, recevait et dormait. Les autres pièces de la maison : atelier, boutique ou chambres, pouvaient elles aussi disposer d'un foyer, plus rarement d'un poêle.

Chez les plus riches, tels François Viannay-Pachot et surtout Charles Guillemin, dans son «hôtel» de la Batterie royale, on distribuait les poêles dans les principales pièces de la maison, qu'ils réchauffaient sans doute beaucoup mieux que les couleurs affadies des tapisseries au point de Hongrie, à défaut chez nous... des tapisseries des Gobelins, de Beauvais et d'Aubusson.

(Ce texte est une collaboration de l'archiviste Gilles Héon des Archives nationales du Québec à Québec.)

La pêche au marsouin

De la fin du XVIIe siècle jusqu'au milieu du XXe siècle, la pêche au marsouin était pratiquée dans différents secteurs du fleuve Saint-Laurent. En fait, on appelait cette activité «pêche au marsouin», mais l'on y pêchait autant le béluga que le marsouin. L'intérêt de cette pêche provenait des profits escomptés par la vente de la peau des mammifères et de l'huile extraite de leur gras. Cette pêche s'est implantée très lentement à la fin du XVIIe siècle, puis s'est avérée florissante au début du XVIIIe siècle. Entre 1700 et 1730, la région de Rivière-Ouelle, sur la rive sud de l'estuaire, était le centre d'exploitation de la pêche au marsouin, mais elle était aussi pratiquée dans les régions de l'île aux Coudres et de la baie Sainte-Catherine.

Les nombreuses anses et pointes qui, comme aujourd'hui, découpaient le rivage de la région de Rivière-Ouelle favorisaient l'installation de vastes parcs, lesquels étaient formés par des perches de bois plantées dans la vase. Pour capturer les marsouins, lors de la marée descendante, les perches étaient disposées en forme d'hémicycle, de façon que le marsouin, une fois entré dans le parc, y demeure prisonnier, notamment à cause de la force du courant descendant. La pêche à marée montante, quant à elle, demandait plus d'installation. L'extrait de document ci-dessous, qui date de 1722, rapporte bien ce fait :

«Celuy de mair montente se ferme avec une porte de cordes ou de clays qui est couchée au fond de l'eau et ne se leve que quand le marsoin est entré par le moyen d'un cabestan qui est placé a terre et qui répond a cette porte par une corde qui la fait lever en tournent le dit cabestan

Les mammifères marins qui fréquentent l'estuaire du Saint-Laurent ont longtemps représenté une source de revenus pour les riverains et pour quelques compagnies. Si l'abondance de la ressource a permis une pêche florissante au début du XVIIIe siècle, l'exploitation continue (jusque dans les années 1940) et l'arrivée de la pollution ont mis en péril ces mammifères du Saint-Laurent. Heureusement, ces espèces sont protégées aujourd'hui, ce qui permet de les observer.

(Ce texte est une collaboration de Claude Boudreau, responsable des archives cartographiques et architecturales aux Archives nationales du Québec à Québec.)


Le recours au surnaturel

Dans le monde chrétien où la maladie est perçue comme un avertissement ou un châtiment divins, le surnaturel tient une place importante. La population en quête de guérison ou de soulagement va se tourner autant vers la religion que vers des guérisseurs. Les récits de miracles témoignent amplement des recours aux multiples pratiques qui côtoient la médecine officielle.

L'accident survenu à Jean Salois illustre bien le cas d'un malade faisant appel simultanément à la science du médecin et au pouvoir de la religion. En octobre 1699, Salois, habitant de l'île d'Orléans, est blessé au genou par un coup de hache. Les chirurgiens Lavimodière de Château-Richer et Bellisle de Québec pansent la plaie, mais ils ne peuvent recoudre le tendon coupé, laissant ainsi Salois estropié pour le reste de ses jours.  Ressentant de grandes douleurs, il fait voeu de se rendre en pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beaupré et il offre dix messes en l'honneur de sainte Anne. En mars suivant, Salois se fait transporter sur les lieux. Dès la première nuit, il se trouve délivré de toutes ses douleurs et, une semaine plus tard, il marche «sans baton ni béquille». Alors en pèlerinage à Sainte-Anne-de-Beaupré, le médecin Michel Sarrazin, «fort expert en la connaissance des blessures aussi bien que des maladies», atteste «que la guérison n'aurait pu se faire naturellement».

(Ce texte est une collaboration de l'archiviste Rénald Lessard des Archives nationales du Québec à Québec.)

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