RDAQ, Le Réseau de diffusion des archives du Québec.
 

De coutume en culture

À l'occasion du jour du Souvenir, dans plusieurs localités on érige des monuments aux morts qui sont visités chaque année comme des lieux commémoratifs et où se déroulent des cérémonies patriotiques. À Ottawa, le Mémorial national de guerre, d'abord érigé à la mémoire des combattants de la première guerre, fut l'objet d'une consécration nouvelle et symbolise aussi le sacrifice des Canadiens qui ont participé à la Deuxième Guerre mondiale. Mis à part ces célébrations officielles, il est coutume d'observer deux minutes de silence le jour du 11 novembre à 11 heures le matin afin de rendre hommage au sacrifice des soldats. Cette coutume fut proposée par Sir James Fitzpatrick à la suite de la Première Guerre et rappelle que le silence est symbole de paix.

Un autre symbole associé au jour du Souvenir est le coquelicot. D'où vient la coutume de porter un coquelicot à la boutonnière? Le coquelicot ou pavot des champs (Papaver Rhoeas), est une plante de la famille du pavot somnifère dont le latex fournit l'opium. Introduits de l'Eurasie, les pavots fleurissent très rapidement après les semis. Ils s'accommodent de n'importe quel sol pourvu qu'il ne soit pas mouillé en permanence mais préfèrent les sols riches. Considéré comme une mauvaise herbe en Europe parce qu'on le retrouve près des dépotoirs et dans les champs non-cultivés, le coquelicot s'implante difficilement sous notre climat à cause des gelées. Il symbolise le sommeil, le repos et la reconnaissance. Associée au sang versé durant la guerre, il n'est pas étonnant que cette fleur d'un rouge très vif ait été choisie comme un symbole du souvenir.

C'est après la Première Guerre mondiale et à l'instigation d'une patriote française Mme E. Guérin, que le coquelicot fut proposé au maréchal et comte Douglas Haig des forces britanniques pour devenir la fleur emblème. Il fut adopté symbole officiel du Jour du Souvenir en 1921. On suggère à cette époque que les coquelicots soient produits et vendus par les femmes et les enfants des régions dévastées de France. Fleur couleur de sang, le coquelicot à l'état sauvage pousse dans des sols fraîchement retournés. Ce n'est pas un hasard si on retrouve d'extraordinaires floraisons de coquelicots sur les champs de bataille dont le sol fut jadis labouré par les désastres de la guerre. Les plaines de la Flandre furent entre autres le théâtre de ces méfaits et inspirèrent au lieutenant-colonel John Mc Crae, soldat et chirurgien, un poème au sujet des coquelicots qu'il composa au printemps 1915 après avoir été témoin de la seconde bataille d'Ypres. Au Canada, les répliques de cette fleur sont distribuées par la Légion royale canadienne, une association de vétérans. Chaque section de la légion effectue annuellement une campagne de sollicitation du 28 octobre au 10 novembre pour offrir à la population des coquelicots en échange d'une contribution financière. Chaque section peut distribuer entre 6000 et 10 000 coquelicots selon le secteur couvert. Les fonds ramassés servent à venir en aide aux vétérans et anciens combattants dans le besoin ou encore sont distribués sous forme de dons à divers organismes comme les cadets pour financer certaines activités.

En France, la centaurée bleuet (Centaurea Cyanus) est une autre fleur associée aux célébrations du 8 mai et du 11 novembre inscrites au calendrier civil. Son nom populaire est «bluet» ou «bleuet» et est considérée en Europe comme une mauvaise herbe des moissons à l'instar du coquelicot. Pour commémorer la fin des deux guerres, une vente de bleuet se fait sur la place publique lors de ces deux fêtes patriotiques et les profits vont aux associations d'anciens combattants. On dit du bleuet qu'il symbolise la charité et la solidarité volontaires.

© Le Réseau de diffusion des archives du Québec
Politique de confidentialité