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Remonter aux sources

Il n'est pas toujours aisé de démêler les origines d'une fête comme la Saint-Valentin. Plusieurs manifestations considérées populaires remontent en effet à l'Antiquité et comportent des rites païens souvent récupérés par le christianisme. Voici les principales hypothèses :

- Dans la Rome antique, la coutume païenne des Lupercales était célébrée le 15 février en l'honneur de Lupercus, dieu protecteur des troupeaux contre les loups et dieu de la fécondité. Pendant les festivités, on immolait un bouc au cours d'un rituel, puis les luperques, des prêtres-loups, parcouraient la ville nus et frappaient toutes les femmes sur leur passage avec des lanières de cuir taillées dans la peau du bouc sacrifié afin de stimuler la fécondité. «Les femmes enceintes s'offraient aux coups pensant éviter par là les douleurs de l'enfantement; les autres afin de devenir fécondes.» (Le Fournisseur, 1964 : 61) Ces fêtes de la fécondité durèrent jusqu'au Ve siècle où elles furent supprimées par le pape Gélase Ier qui institua plutôt une fête de la purification en février.

- Associée également au réveil de la nature, une croyance veut que les oiseaux s'appareillent le 14 février. Cependant, dans les pays plus froids, c'est à la Saint-Joseph que les oiseaux s'accouplent.

- D'autres encore prétendent que la Saint-Valentin aurait une origine septentrionale et qu'à cette occasion, c'est-à-dire à la fin de l'hiver, les hommes du Nord dont les Vikings avaient la coutume d'échanger des petits cadeaux et de révéler ainsi leur cœur à celle qu'ils aimaient.

- Une autre hypothèse fait remonter l'origine institutionnelle de la Saint-Valentin au IIIe siècle. Un évêque sympathique à la cause de la jeunesse vivait à Terni, en Italie vers l'an 230. On raconte que les amoureux venaient se confier à lui dans l'espoir que l'évêque bénisse l'union des fiancés. Bientôt, la rumeur se répandit que les «mariages valentins» seraient heureux et de longue durée. Sorte de courriériste du cœur et confesseur moderne, Valentin de Terni aurait eu l'idée de consacrer la journée du 14 février à une bénédiction nuptiale d'ensemble car dit-on, il ne suffisait plus à la tâche.

Pour d'autres, «le valentinage» serait une coutume d'origine française introduite en Normandie lors des invasions scandinaves. Cette coutume voulait que chaque valentin choisisse une compagne qui devenait sa valentine pour la durée d'une année. Les noms des jeunes filles étaient déposés dans une urne et les jeunes gens pigeaient le nom de celle qui deviendrait leur élue pour la prochaine année. Ces «accouplements» débouchaient souvent sur des mariages. On les associe aujourd'hui aux fiançailles ou au temps du flirt et des premières rencontres.

- On peut aussi établir un rapport entre le terme Valentin et un vieux mot normand, Galentin qui signifie «celui qui aime à se réjouir et par extension à se montrer entreprenant avec les dames» (Rodrigue, 1983 : 44). Certains croient que le premier terme serait une déformation du second.

- Il semblerait que ce soit les Normands qui aient transplanté cette coutume en Angleterre lors de la conquête par Guillaume 1er  vers le milieu du XIe siècle. Par ailleurs, le texte le plus ancien qui parle de valentinage est attribué au poète anglais Chaucer et date du XIVe siècle. Quant au poète français Charles d'Orléans qui lui a consacré aussi quelques ballades et rondeaux, il aurait entendu parler de cette coutume durant son séjour à Londres où il fut fait prisonnier de 1415 à 1440. C'est d'ailleurs en Angleterre que la fête prit le plus d'ampleur. Au Québec, on ne retrouve aucune trace de la fête avant la conquête de 1763. L'hypothèse la plus probable est que la Saint-Valentin nous ait été transmise par les Anglais. Elle s'est implantée avec succès et fut répandue surtout à la fin du XIXe siècle. «Les deux guerres mondiales (1914-18 et 1939-45) entraîneront une disparition temporaire de cette coutume, alors que l'après-guerre lui apportera un regain de popularité.» (Marchand, 1986 : 25)

- Au plan étymologique, valentin vient du latin vale ou valere qui signifie se bien porter. L'expression vale se retrouvait parfois à la fin d'une lettre en guise de conclusion. Certains linguistes y ont vu un rapprochement avec l'expression «Portez-vous bien» que l'on utilise encore de nos jours.

Un peu d'histoire

À quel saint se vouer? Le calendrier liturgique comporte une vingtaine de saints du nom de Valentin dont au moins trois sont célébrés le jour du 14 février. En plus du nombre, une certaine confusion règne autour de son identité. Valentin de Rome († vers 270) était simple prêtre tandis que Valentin de Terni († vers 273) fut évêque. Certains croient cependant qu'il s'agit du même personnage car tous les deux sont morts martyres et ont été victimes des mêmes persécutions. Valentin de Rome fut arrêté sous le règne de l'empereur Claude Le Gothique et emprisonné sous la garde d'un officier dont il aurait guéri la fille aveugle. Par la suite, toute la famille de l'officier se serait convertie. Il fut exécuté pour avoir défié l'autorité de l'empereur. Il y a peu de rapport avec saint Valentin et le 14 février sauf le fait que l'exécution de Valentin de Rome eut lieu un 14 février. Comment expliquer alors que le martyre soit considéré comme le patron des amoureux?

Étrangement, c'est au prêtre romain Valentin qu'est dévolu le rôle de patron des fiancés tandis que la légende a attribué des vertus et des miracles à l'évêque de Terni à cause de son rôle de confesseur bénissant l'union des jeunes couples. Certains affirment que «son nom signifie santé et vigueur, ce qui explique (...) pourquoi les fiancés, les jeunes gens à marier, ceux qui craignent la peste, l'épilepsie et les évanouissements se sont placés sous son patronage» (Lecotté, 1951 : 292).

La coutume du valentinage fut d'abord introduite à la cour et dans les milieux nobles. Le valentin avait des obligations envers sa compagne. Il lui offrait des petits cadeaux, la conduisait aux réunions mondaines et l'invitait au bal : dans certains cas, il devait porter les couleurs de sa valentine et défendre sa renommée, parfois jusqu'au duel. Aujourd'hui, le mot valentin désigne plutôt la prose et les messages d'amour envoyés le jour du 14 février que le galant prétendant. Certaines expressions sont cependant restées en usage comme «être habillé comme un valentin», «ressembler à un valentin» ou «sortir avec un beau valentin».

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