Le mot corvée vient du latin corrogare signifiant «inviter ou convoquer ensemble». L'expression «faire un bis» ou «organiser un bis» qui vient de l'anglais bee signifie une réunion de voisins pour une tâche commune. D'abord sollicité, ce travail de participation a été par la suite imposé à l'époque féodale et a désigné un travail gratuit et obligé des censitaires envers un seigneur. La corvée seigneuriale est courante en Nouvelle-France pendant le régime français. Les corvées de voirie par exemple sont perçues comme des servitudes. Mais le sens premier et général du mot corvée, celui de coup de main ou d'entraide, demeure. Il s'agit alors d'un travail non rémunéré, accompli comme un service ou un devoir dont on s'acquitte avec plaisir comme pour une dette d'honneur. Celui ou celle qui reçoit ce service est dispensé de le payer mais il sait qu'il devra le rendre à son tour pour d'autres travaux. La corvée est une coutume qui favorise l'entraide, les relations fraternelles, amicales et de voisinage. Elle s'effectue la plupart du temps dans la joie et la gaieté, est agrémentée de rires et de chants même lorsque c'est un événement tragique qui la stimule. Une fois le travail terminé, les corvées sont souvent l'occasion de réjouissances et s'accompagnent de tables garnies, de musique et de danses. Souvent associées à des travaux saisonniers, les corvées sont l'occasion de réunions sociales et favorisaient autrefois les rencontres entre filles et garçons.
Il existe plusieurs types de corvées. Parmi tous les travaux de la ferme, certaines activités nécessitent ce type d'entraide comme les moissons ou le brayage du lin. Les corvées alimentaires comme l'épluchette de blé d'Inde, les conserves ou encore les boucheries sont parmi les plus importantes. D'autres sont connues comme des corvées d'entretien: le grand ménage, l'entretien des chemins ou des cimetières. La corvée du bois de chauffage appelée aussi frolic qui consiste à fendre et à corder le bois est toujours en vigueur de nos jours. S'ajoutent à cette liste, les corvées de secours reliées à des circonstances spéciales comme les corvées de construction après un incendie ou toute corvée d'entraide liée à un événement malheureux ou un désastre naturel. À une autre échelle, les corvées de déménagement ou de peinture sont toujours très présentes dans nos modes de vie actuels. Ce qui est sûr, c'est que les corvées n'ont pas d'âge ; elles font appel à l'entraide et à la sociabilité propre à l'espèce humaine.