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Remonter aux sources

Le Jour de Victoria commémore la naissance de la reine Victoria le 24 mai 1819. Celle-ci a assumé le plus long règne de la monarchie britannique (1837-1901) à savoir 64 années. Le Jour de Victoria est instauré comme fête légale au Haut-Canada en 1845, quelques années avant la Confédération canadienne, puis comme jour férié national par le Parlement du Canada en 1901, année du décès de Victoria. Pendant cette période, le Jour de Victoria est célébré le 24 mai, à moins que le 24 ne tombe un dimanche auquel cas le 25 mai devient jour de fête. Depuis le décès de la Reine Victoria, le Jour de Victoria commémore également l'anniversaire du souverain ou de la souveraine au Canada. Ainsi, la reine Elizabeth II est fêtée par les Canadiens à la fin de mai bien qu'elle soit née le 21 avril 1926.

À la fin du XIXe siècle, après le mouvement visant à profiter du Victoria Day pour célébrer l'Empire britannique, le Jour de Victoria devient pendant un demi-siècle le Jour de l'Empire. En fait, le Jour de l'Empire, célébré pour la première fois le 23 mai 1899, doit tomber le jour ouvrable précédant le congé qui commémore l'anniversaire de la Reine Victoria. Les deux fêtes se confondent de 1899 à 1952.

À partir d'une idée défendue par Clementica Fessenden de Hamilton puis répandue dans tout le pays par le ministre de l'éducation de l'Ontario George Ross, le Jour de l'Empire, qui représente une journée très importante pour les anglo-saxons, est marqué par des célébrations associées à l'impérialisme, au militarisme et à l'assimilation des immigrants (L'Encyclopédie canadienne : 1026). Pendant les années 1930, les célébrations entourant le Jour de l'Empire déclinent pour retrouver leur popularité après la Deuxième Guerre mondiale. Plusieurs provinces canadiennes ont rebaptisé cette fête Jour du Commonwealth ou Jour de la Citoyenneté. Jusqu'en 1977 au Canada, on célébre d'office le Jour du Commonwealth en même temps que le Jour de Victoria et la Fête de la reine.

En 1975, le Secrétariat du Commonwealth est chargé de choisir une date commune aux pays membres pour célébrer cette journée. La proposition canadienne qui fixe le Jour du Commonwealth le 2e lundi de mars est adoptée lors d'une rencontre des hauts fonctionnaires à Canberra, capitale fédérale du Commonwealth d'Australie en mai 1976. Il ne s'agit toutefois pas d'un congé statutaire et chaque pays du Commonwealth célèbre selon ses propres initiatives.

Du Jour du Souverain à la Fête de la Reine

Entre 1901 et 1952, plusieurs souverains se sont succédés à la tête de l'Empire britannique. Pendant cette période, on célèbre leur anniversaire de naissance à des dates variables. Edouard VII, successeur et fils de Victoria, né un 9 novembre, est fêté le 24 mai (Jour de Victoria) pendant tout son règne de 1901 à 1910. Le roi George V, second fils d'Edouard VII et sur le trône de 1910 à 1935, est fêté le jour même de sa naissance, soit le 3 juin de chaque année. À sa suite, Edouard VIII, fils de George V, qui règne de janvier à décembre 1936, est fêté le 23 juin, jour de son anniversaire. Après son abdication, son frère George VI, père d'Elizabeth II, né un 14 décembre, est fêté à des dates différentes variant entre le 20 mai et le 13 juin de 1937 à 1952.

En 1952, année du couronnement de la reine Elizabeth II, le Jour de Victoria et l'anniversaire de la jeune reine (21 avril) sont célébrés à la même date, soit le 9 juin. Par la suite au Canada, de 1953 à 1956, l'anniversaire d'Elizabeth est reporté au lundi précédant le 25 mai par proclamation du gouverneur général avec l'autorisation de sa Majesté et est nommé jour de la Fête de la reine. Pendant ces trois années, on célèbre à la même date le Jour de Victoria. Enfin, c'est en 1957 que l'on associe définitivement le Jour de Victoria à la Fête de la reine au Canada. Pour ajouter à la confusion générale, les anglo-canadiens continuent de célébrer le Victoria Day. Aujourd'hui, comme le mentionne tous les agendas, le Victoria Day est toujours souligné chez les plus fervents à la même date que le jour de la Fête de la reine chez les francophones ou que la Fête de Dollard. Ainsi, les fêtes ne se sont pas substituées; elles coexistent, de sorte que l'avant dernier lundi de mai, les uns fêtent le Victoria Day, d'autres le Jour de Victoria, d'autres encore célèbrent la fête de la Reine et d'autres fêtent Dollard des Ormeaux.

Un peu d'histoire

Qui est Dollard ? Héros ou bandit ? Quels sont les événements qui lui valent sa réputation légendaire et quel est son rôle dans la bataille du Long-Sault ?

Adam Dollard, sieur des Ormeaux, un officier français né en 1635, arrive comme volontaire en Nouvelle-France en 1658. On prétend que sa venue en Amérique aurait été motivée par certains déboires de nature inconnue. Maisonneuve, le gouverneur de la Nouvelle-France, le fait commandant de l'un des fortins qui protége Ville-Marie.

À cette époque, l'économie de la Nouvelle-France, basée principalement sur la traite des fourrures destinées à l'exportation, est en perte de vitesse. Les Iroquois qui ont détruit la Huronnie (1648-1650) transitent librement par la rivière des Outaouais et acheminent les fourrures vers la Nouvelle-Angleterre. De plus, des rumeurs circulent à l'effet que les Iroquois ont pour dessein d'envahir la Nouvelle-France et de chasser les Français une fois pour toutes.

Dollard des Ormeaux obtient l'autorisation de Maisonneuve pour aller au devant des Iroquois leur bloquer le passage et ainsi les empêcher d'atteindre la colonie. À la mi-avril 1660, aux premiers dégels, Dollard des Ormeaux et seize compagnons quittent Ville-Marie. Une quarantaine de Hurons et quelques Algonquins se joignent à eux. L'équipée installe son campement de fortune au Long-Sault, sur le bord de la rivière des Outaouais, point stratégique pour le passage des canots à l'endroit où est encore établi à ce moment-là un fort abandonné par les Algonquins. Surpris par des centaines d'Iroquois, les alliés combattent de leur mieux mais la résistance ne dure que quelques jours. Fait réel ou légende, dans un assaut final qui aurait pu changer le cours de l'histoire, un baril de poudre, lancé par Dollard des Ormeaux, s'accroche à une branche et rebondit dans l'enceinte du fort mettant ainsi fin au combat. L'accident a pour conséquence de faire croire aux Iroquois en la puissance des Français et met fin également à toute invasion iroquoise des postes français en Nouvelle-France.

Le combat du Long-Sault représente une page de l'histoire de la Nouvelle-France qui a été oubliée pendant très longtemps. À partir de 1840, avec la publication Histoire du Montréal de François Dollier de Casson, Dollard et ses compagnons entrent dans l'histoire. Dans son ouvrage Histoire du Canada, l'historien François-Xavier Garneau lui consacre aussi quelques lignes en 1845. Dans la seconde moitié du XIXe siècle, cette histoire est racontée, faite, refaite, étudiée, autopsiée, et elle prend des proportions qui parfois dépassent la réalité humaine. Après 350 ans, cette aventure passée sous silence pendant presque deux siècles suscite encore des passions et des débats. Dollard des Ormeaux est sans contredit un des personnages historiques qui a le plus fait couler d'encre au Canada. Il est tantôt le héros qui a sauvé la Nouvelle-France en s'offrant comme martyr avec ses compagnons de combat, tantôt l'aventurier qui croyait s'enrichir entraînant à une mort certaine seize compagnons confiants. Le personnage de Dollard et l'aventure du Long-Sault ont marqué l'imagination populaire. On trouve plusieurs représentations de ces événements dans la littérature, les arts et même des chansons.

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