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Clin d’œil sur nos traditions

De la recherche d'un nouvel appartement à l'installation dans un nouvel espace en passant par la visite de nombreux logements, déménager comporte plusieurs rituels. Au Québec, une coutume bien ancrée dans les habitudes liées à l'habitation est celle de pendre la crémaillère. Ce rituel encore très à la mode consiste à célébrer par une fête et le plus souvent par un repas l'installation dans un nouveau logement. L'expression si courante aujourd'hui tire son origine d'une ancienne façon de faire la cuisine.

La crémaillère est un instrument, en fer forgé ou en fonte, qui pend dans l'âtre de la cheminée. Elle désigne « l'ustensile servant à suspendre au-dessus du feu, le chaudron, la marmite, la chaudière et autres récipients propres au chauffage et à la cuisson des liquides et aliments (...) ». (Tardieu, 1964 : 77) Souvent accrochée dans l'âtre au moment du mariage, la crémaillère symbolise l'entrée en ménage et la prise de possession des lieux. Son utilisation dans les maisons en France et au Québec est attestée en ville comme à la campagne. C'est que pendant longtemps, jusqu'à la deuxième partie du XIXe siècle, l'âtre et la cheminée sont la principale source de chaleur et servent également à la cuisson des aliments. Comme le feu est nécessaire à la vie domestique, le foyer est très vite considéré comme le centre de l'habitation. Encore aujourd'hui dans notre langage courant, le foyer désigne la maison comme dans l'expression n'avoir ni feu ni lieu, c'est-à-dire ni foyer, ni domicile fixe.

Point névralgique de la maison, le foyer est associé au chauffage, à l'éclairage et à l'alimentation. D'ailleurs, on retrouve la plupart du temps la description des objets entourant la cheminée et le feu - crémaillère, marmite, poêle, tisonnier, chenets, etc. - en tête de liste des inventaires après-décès notariés. Le foyer est le lieu autour duquel se regroupe la famille et les activités domestiques. Il a longtemps été la zone principale et primordiale de l'unique pièce de la maison. Est-ce pour cette raison qu'au Québec on a gardé l'habitude de se réunir dans la cuisine et d'y recevoir les visiteurs?

Quoi qu'il en soit, on comprend maintenant le sens d'une coutume comme la pendaison de crémaillère par son association étroite avec le rôle du feu et de la cheminée dans la maison. La disparition de l'âtre, l'installation d'équipement mobile comme le poêle ou le fourneau, de même que la division et la disposition des pièces de la maison ont entraîné un changement d'habitude et une dispersion des activités domestiques jadis concentrées autour du foyer. De cette époque, il nous reste cette coutume que plusieurs continuent à perpétuer à leur manière encore de nos jours.

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