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Clin d’œil sur nos traditions

«Courir la chandeleur» consiste à passer de maison en maison pour ramasser des victuailles dans le but de préparer un festin pour le soir même : seuls ceux qui fournissent à cette quête particulière aux Acadiens sont invités à la fête.

On ne sait pas au juste à quand remonte cette tradition. Les plus anciens témoignages indiquent qu'elle était pratiquée à la fin du XIXe siècle et qu'elle aurait été abandonnée au début des années 1940. Depuis environ cinq ans, des efforts sont faits pour raviver la coutume. Il existe même un festival de 10 jours (du 24 janvier au 2 février) à l'Île-du-Prince-Édouard, qui débute par la bénédiction des chandelles le dimanche à l'église et qui se termine par un festin le soir du 2 février. Au XXe siècle, la quête sert à recueillir de la nourriture pour les moins nantis du village, ce qui rappelle les quêtes populaires de la guignolée, du mardi gras ou de la mi-carême encore pratiquées de nos jours. Dans plusieurs municipalités acadiennes, on court la chandeleur pour constituer des banques alimentaires.

Afin d'inviter les gens à être généreux pour la chandeleur, les «coureux», généralement des hommes, chantent et dansent l'Escaouette en entrant dans les maisons. Le meneur du groupe marque la cadence avec sa canne et les coureux forment une queue en serpentin. Le chef détient le privilège de porter la canne munie du coq de la chandeleur. En plus de cette canne, d'autres accessoires sont indispensables aux coureux, entre autres un traîneau ou une suite de traîneaux pour assurer le transport des jeunes gens, des victuailles et des couvertures pour protéger du froid les aliments et les chevaux. D'autres s'équipent de cloches ou d'instruments faisant beaucoup de bruit pour signaler leur présence d'une maison à l'autre.

Le coq

Ce n'est pas par hasard si le coq est représenté au sommet de la canne du chef lors de la quête acadienne de la chandeleur. Emblème de fierté, le coq est reconnu comme un symbole solaire car son chant annonce le lever du soleil. Il symbolise la lumière naissante et est devenu à ce titre le symbole du Christ ressuscité. Pas surprenant qu'il se retrouve au faîte des églises. Cette position semble évoquer l'élévation de l'esprit sur la matière, de la lumière sur les ténèbres, du jour sur la nuit.

De fabrication artisanale, le coq qui ornait le bâton du chef de la chandeleur était habituellement confectionné en carton, en bois ou en coton empaillé. De couleur rouge, il était souvent agrémenté de vraies plumes de coq et de rubans multicolores fixés à la queue qui pendillaient le long de la perche. Chaque famille fournissait un ruban de couleur avec sa contribution alimentaire, ce qui lui permettait de manger au repas collectif du soir. Le même coq peut décorer la perche du chef pendant plusieurs années.

La promenade du coq de maison en maison est peut-être aussi en lien avec une ancienne coutume française des jours gras où un jeune homme, après avoir triomphé dans des combats de coqs, faisait la tournée du village avec son vainqueur. Cette tournée était l'occasion d'une quête (monnaie et victuailles) pour le festin du Mardi gras (Arsenault, 1982 : 44-46).

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