RDAQ, Le Réseau de diffusion des archives du Québec.
 

Remonter aux sources

Chronologiquement, la Pâque juive ou Pessah précède de quelque mille cinq cents ans la Pâque chrétienne. Dès les débuts du christianisme, la fête de Pâques est célébrée par l'Église entière. Elle est d'ailleurs la seule fête chrétienne jusqu'au IVe siècle. À l'origine, la date de la Pâque chrétienne est déterminée d'après le calendrier juif; pendant longtemps l'Église de Rome, qui fête la résurrection du Christ, célèbre Pâques le dimanche qui suit la Pâque juive. Il en résulte une grande controverse dont l'enjeu se situe exclusivement autour d'une date. Très tôt la question de savoir si la Pâque chrétienne doit être célébrée le même jour que la Pâque juive anime les débats au sein de l'Église. Le problème consiste à accorder deux types de calendriers qui n'ont pas la même mesure du temps, l'un étant solaire, l'autre lunaire. En effet, le quinzième du mois hébreu de nisan ne correspond pas à une date fixe du calendrier julien, ni du calendrier grégorien encore en vigueur de nos jours. L'expansion du christianisme entraîne le besoin pressant de fixer une fois pour toutes la date de Pâques. Ce travail délicat est confié aux grands érudits d'Alexandrie qui établissent les principes qui déterminent la date de Pâques encore aujourd'hui. Ces principes ont été approuvés par les évêques lors du concile de Nicée en l'an 325 de notre ère et valent pour toutes les Églises catholiques romaines.

Pour les Chrétiens, Pâques est liée à la passion de Jésus-Christ, soit les circonstances entourant sa condamnation, sa mort et sa résurrection qui ont été rapportées par les témoignages des évangélistes dans la Bible. D'après leurs écrits, cet épisode de la vie de Jésus se déroule pendant la Pâque juive, à savoir le quinzième de nisan au calendrier juif. Bien que la Pâque juive soit une fête fixée à cette quinzième journée, sa date varie d'une année à l'autre, au rythme du calendrier lunaire. La Pâque juive tombe toujours au printemps et est fixée dans le calendrier juif d'après la lune du printemps qui arrive habituellement en mars. Dans un calendrier solaire comme celui des Romains, c'est l'équinoxe du printemps qui détermine la date de Pâques. Celui-ci se produit généralement autour du 20 mars. Pâques doit également être célébrée un dimanche, car le Christ est ressuscité un dimanche, sanctifiant par le fait même ce jour de la semaine désormais devenu le Jour du Seigneur. Ainsi, après trois siècles de conflits, Pâques a été fixée au dimanche suivant la première pleine lune qui suit l'équinoxe du printemps. «Mais comme la lune astronomique pouvait avoir des irrégularités, on se basa sur une lune fictive, ou lune ecclésiastique, pour abolir les écarts de phase qui pouvaient survenir» (Lebrun, 1986: 10). Au XVIe siècle par exemple, l'équinoxe avait dérivé de 10 jours pour se retrouver au 11 mars en 1582. C'est ce que la réforme grégorienne du calendrier a tenté de rétablir. Cet ajustement entraîne l'établissement d'un nouveau calendrier, dit ecclésiastique, qui a la particularité d'être à la fois lunaire et solaire. La partie solaire permet d'établir des fêtes fixes comme Noël alors que la lune détermine des fêtes mobiles comme Pâques. Selon ces principes, Pâques survient toujours un dimanche et sa date peut varier entre le 22 mars et le 25 avril. Trente-cinq jours séparent ces deux termes qui offrent autant de positions différentes au calendrier pour souligner la Résurrection du Christ.

Un peu d'histoire

Outre le problème de faire coïncider les calendriers, la date de Pâques a longtemps été retenue comme le début de l'année civile. C'est le cas en France au Moyen Âge où il est coutume de renouveler les baux ou de payer les domestiques à Pâques. Cette date est utilisée comme terme obligé pour certains contrats ou remboursements. Même les rois de France qui empruntent des capitaux fixent le remboursement au dimanche de Pâques ou au dimanche de la Trinité. C'est de là d'ailleurs que vient l'expression «À Pâques ou à la Trinité» popularisée par la complainte Malbrough s'en va-t-en guerre. Comme les deux fêtes se passent souvent sans qu'il y ait paiement ou remboursement, les échéances sont devenues illusoires à la longue et ont fini par désigner des dates fictives. Sous le règne de Charles IX en 1564, le début de l'année est reporté au 1er janvier, après avoir oscillé entre Noël et Pâques. Cet usage a rencontré des résistances auxquelles on associe encore des traces aujourd'hui. La coutume de porter des vêtements neufs à Pâques, celle de donner des œufs de Pâques ou encore, celle d'échanger des vœux de «Joyeuses Pâques» peut être en lien avec les étrennes qui s'offrent traditionnellement au premier jour de l'année.

© Le Réseau de diffusion des archives du Québec
Politique de confidentialité